Grand moment d'amitié et de famille partagés avec de sacrés compagnons, Gwen Kivijer et Serge Desauney, dont les lamelles se sont magiquement croisées pour un semaine extraordinaire : de Locronan à Pessinetto en Vallée d'Aoste, nous partons sur les routes de France et du Piemont, terres, comme toutes, il faut le rappeler en ce 23 avril 2017, de rencontres, d'émigrations, d'immigrations, de contrebande, d'insoumission, de musiques. Lui même installé dans le Poitou depuis 15 ans , le Gwenou de Guipavas que je rencontrais dans le restaurant d'Hervé Mahé à Barna / Galway en 1996 est aujourd'hui coupable de nombreux métissages musicaux qu'il a composé au fil de ses voyages sur ces terres d'Europe, et même jusqu'au Québec. Passeur infatigable, il sera mon guide et interprète - et professeur d'ornementation sur le dañs-tro des montagnes - pour cette rapide incursion au pays de mes frères du Piémont. La fête n'aurait pas été complète sans l'extrême et espiègle gentillesse de l'autre accordéoniste du voyage, Serge Desaunay, qui a bien voulu nous accueillir à Ambierle en pays Rouannais pour une explosive pause au Café associatif RESSORT qu'il anime tous les dimanches, entouré de ses grands enfants pour qui la jig n'a plus de secret. C'est aux rencontres musicale d'Arzon (la Brittany Winter School) que nous nous rencontrions il y a quelques semaines, et je garde un souvenir inoubliable de Serge et Sylvie qui surent accompagner quelques gavottes lancées et dansées au coeur d'une session irlandaise, évènement paradoxalement improbable en Bretagne, où l'intégrisme musical a parfois légèrement tendance à imiter gentiment, et sans grand dommage fort heureusement, les errements de la politique française, qui en revanche nous fait tous vomir et dont le visage hideux révèle aujourd'hui plusieurs siècles d'ethnocides. Voilà je m'excuse d'être désagréable, mais il faut parfois se fâcher, et donc j'en profite pour me fâcher, j'enrage. Moi même immigré dans mon propre pays, fils, petit fils et arrière petit fils d'immigré, je n'accepte pas plus ce 24 avril 2017 que je n'avais accepté l'épisode du 21 avril 2002 et la digression étant close je reprends le fil de l'aventure : Nous voici embarqués vers l'au-delà (des Alpes) où la route nous mène chez d'adorables nouveaux compagnons, l'accordéoniste (mais ils sont partout!!) Ilio Amisano, grand collecteur des musiques de son pays, et sa compagne Valentina qui nous ont préparé la plus belle des scènes que le ciel pouvait composer. La divine vallée d'Aoste nous accueille pour une belle session partagée au Revenge Bar de Torino, se concluant par un subtil échange de rythmes sur une Courenta jouée chantée, dont la mesure n'est pas sans évoquer les jigs ou cercles circassiens. La proposition de festival du 6/8 émerge : la fameuse nuit de la jig, inspirée directement de la nuit de la Gavotte, arrive bientôt dans vos campagnes !! Nous en reparlerons pour un prochain jumelage. Pour le moment l'heure est à la fête à la salle communale de Pessinatto, mon seul regret est d'avoir été me coucher avant le point du jour... Mais il faut parfois dormir, on ne fait pas impunément 4000 kilomètres en une semaine, on ne dort pas impunément 5 jours à 4 dans sa voiture, la fatigue est là mais l'esprit est bien clair, le retour nous fait passer par le mythique pays du Morvan où une nouvelle rencontre avec le cinéaste Philippe Wulgué et le photographe des musiciens Jef Dantin nous fait franchir des sommets !! Grand merci à Gwen, Serge et Ilio et toutes mes excuses, honte à moi qui ne parle aucune des langues de mes ancêtres... Je ne suis pas très bon locuteur j'avoue, je suis plutôt écrivain musicien et photographe mais promis je parlerai un jour, breizh atav, viva italia .
Les photos sont belles : ouvrage collectif signé Sandra & Gwen Kivijer / Papagiogiou, Ilio Amisano, Onenn, Erwan, et Aziliz Pianezza / Bozec... Matériel nikon ni bête, D7000 et D5300.